La piste du premier spatioport privé est inaugurée

La piste de 3200 m doit accueillir les premiers vols spatiaux en 2011

Nouvelle borne historique dans la version privée de la conquête de l’espace : la piste du premier spatioport privé a été inaugurée le 22 octobre sur le « Spaceport America » construit par Virgin Galactic à Las Cruces, dans le désert du Nouveau Mexique. Longue de 3,2 km pour 60 m de large, la piste est épaisse d’environ 107 cm, dont 61 cm de sous-couche (granulats, remblais…) recouverte par 10 cm d’asphalte recouvert à son tour par 36 cm de béton. Cette installation digne d’un aéroport international doit accueillir tous les types d’appareils possibles, dont bien sûr la flotte spatiale de Virgin Galactic elle-même  : deux lanceurs quadrimoteurs WhiteKnightTwo à deux fuselages et cinq vaisseaux spatiaux SpaceshipTwo pour six « touristes spatiaux » et deux pilotes. Les opérations devraient démarrer en principe dès 2011, même si aucune date officielle n’a été annoncée.

La Nasa, un père Noël pour les startups

Une fois n’est pas coutume, les géants de l’astronautique américaine ne signeront pas de contrats pour l’ISS. Ce sont SpaceX et Orbital Sciences qui fourniront le gros des vols d’approvisionnement de la Station spatiale internationale (ISS) après la mise à la retraite des navettes. Deux gros contrats, pour 3,5 milliards de dollars, qui permettront aux deux entreprises de peaufiner leurs engins.

En 2010, sauf changement de programme, les trois navettes américaines seront définitivement mises à la retraite. Plusieurs musées sont sur les rangs pour obtenir l’un des trois engins. En Grande-Bretagne, le Musée scientifique de Londres a même proposé 32 millions d’euros pour accueillir Endeavour, qui porte le nom du navire du célèbre explorateur James Cook.

Une fois les trois navettes hors d’usage, les Etats-Unis seront dépendants de la Russie pour la logistique de l’ISS. Pour le transport des astronautes, impossible de se passer des Soyouz héritées de l’ère soviétique. En revanche, la Nasa voudrait conserver son indépendance pour le matériel et les vivres. Elle peut bien sûr s’appuyer sur les cargo automatique russe Progress, ou sur l’ATV européen qui a effectué sa première livraison de matériel en novembre dernier. Mais on ne badine pas avec l’indépendance aux Etats-Unis, et la Nasa doit impérativement s’appuyer sur des technologies et entreprises « maison » pour le gros de sa logistique.

Boeing, Lockheed-Martin et Alliant, les trois géants de l’industrie de défense américaine ont reçu de gros contrats pour la conception du prochain véhicule habité américain, capable en principe d’aller sur la Lune. Alliant (ATK) s’occupera du premier étage, Boeing du second et Lockheed-Martin pilote la construction de la capsule habitée Orion. Le premier vol de l’ensemble, en orbite terrestre, ne se déroulera pas avant 2014.

En attendant, la priorité reste l’entretien de la Station spatiale internationale. Et pas question pour la Nasa de mettre tous ses œufs dans le même panier. L’Agence a donc distribué de nouveaux contrats à la veille de Noël. SpaceX a été créée en 2002 par Elon Musk, le fondateur du système de paiement par internet Paypal. Sa fusée lourde Falcon 9 n’a encore jamais volé. Le premier exemplaire est en cours d’assemblage à Cape Canaveral. Selon l’accord passé avec la Nasa, SpaceX fournira des Falcon 9 et le module cargo réutilisable Dragon, pour 1,6 milliards de dollars.

De son côté, Orbital Sciences a plus d’expérience. La firme a construit plus de cinq cents engins spatiaux (satellites, lanceurs, etc.) depuis 1982. Orbital recevra 1,9 milliards de dollars pour huit vols vers l’ISS entre 2011 et 2015 de sa fusée Taurus et du véhicule de transport Cygnus. Quand à l’ATV européen, il devrait en principe être lancé à neuf reprises

L’iPod s’écoute sur une unique enceinte sans fil

 

 

 

L’enceinte se pose n’importe où, devant un mur

 

Difficile de faire plus simple : le système Beat inventé par la société danoise Libratone se compose d’une enceinte unique, connecté via un système sans fil à un iPod, iPhone, iPad ou micro-ordinateur. Il suffit de connecter l’émetteur fourni dans le kit sur l’appareil MP3 puis de positionner l’enceinte près d’un mur, à une portée maximale de 10 m (pour l’émetteur destiné à l’iPod) ou 30 m (pour l’émetteur USB destiné à l’ordinateur). La technologie brevetée baptisée « FullRoom » expédie alors des ondes sonores réfléchies à travers la pièce pour restituer le son en stéréo, quel que soit l’endroit où l’auditeur se positionne. Au cœur de l’enceinte au gabarit respectable (47 cm de haut, 19,5 cm de large, 15 cm de profondeur et 6,5 kg, tout de même) se trouvent un haut-parleur dédié aux basses (127 mm de diamètre, 50 W de puissance) associé, pour les fréquences médium et aigus, à deux ensembles de 25 W associant un haut-parleur de 76,2 mm et un « tweeter » à ruban de 25,4 mm. Ces derniers émettent vers l’arrière comme deux enceintes séparées. Le son, assure le constructeur, devrait satisfaire la clientèle audiophile. L’appareil devrait être commercialisé en Europe en octobre au prix de 600 euros environ.

L’oreille complète la panoplie des références biométriques

La projection simulée de rayons lumineux révèle les formes courbes

On vous avait à l’œil, on vous aura également à l’oreille : l’équipe de Mark Nixon, professeur au département d’électronique et science informatique de l’Université de Southampton expérimente un procédé informatique pour identifier en moins d’une seconde un individu à partir du tracé de son lobe auriculaire. L’idée ? Simuler la projection sur une image vidéo de millions de rayons lumineux. En analysant la façon dont la lumière est réfléchie et déviée, il devient alors possible de révéler toutes les courbes d’une image. En l’occurrence celles du lobe de l’oreille, dont les caractéristiques sont propres à chaque individu. Ne reste plus ensuite qu’à comparer le résultat avec les images contenues dans une banque de donnée… Et cela marche fort bien, assure le laboratoire : le taux de reconnaissance a atteint 99,6 % sur un échantillon de 250 images, malgré le « parasitage » apporté par les cheveux ou les branches de lunettes. Remplacer les moyens biométriques actuels n’est pas le but, nuance cependant Mark Nixon : « Nous proposons simplement un outil supplémentaire dans la panoplie, qui présente des avantages inédits. Ainsi, la forme de l’oreille ne change pas avec l’âge, ni avec le sourire ! On n’a pas en outre l’habitude de les maquiller ou de les couvrir avec des lentilles de contact. » Évidemment, il faut accepter de découvrir son oreille des cheveux qui les recouvrent à l’occasion. « Mais ce n’est pas une exigence intolérable : les gens ont pris dans les aéroports l’habitude d’enlever leurs lunettes pour l’identification de l’oeil. » Un démonstrateur pourrait être mis en place dès 2011.

La bulle sociale risque d’exploser

Après avoir été ralenti par l’éclatement de la bulle boursière Internet en 2000, le rythme des investissements en technologies numériques dans les entreprises s’accélère de nouveau, et les prévisions de développement pour 2004 s’annoncent importantes. Au même moment, se développe la campagne des pouvoirs publics  » Internet déclaré d’utilité tout public  » pour inciter les foyers à s’équiper.

Tout porte à croire que la frénésie technologique des années 1996-2000 va repartir de plus belle, et que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Certes, les managers , les directeurs de systèmes informatiques et les chefs de projets ont abandonné les illusions économiques et commerciales qu’ils se faisaient sur le développement des technologies numériques et qui ont été à la base du gonflement puis de l’éclatement de la bulle boursière. Mais ils continuent souvent d’entretenir des illusions culturelles et sociales sur les enjeux de ces systèmes vis-à-vis des salariés, de leur travail et de leurs métiers, mais aussi vis-à-vis des citoyens et de la vie en société en générale.

Si bien qu’aujourd’hui, se développe, à son tour, une bulle sociale promettant, avec la mise en place de la « société numérique » et sa version française de la « république numérique », tout à la fois l’amélioration des conditions de travail, la qualification des métiers, l’abolition des contraintes liées au temps et à l’espace, l’avènement de la société du savoir et le renforcement du lien social. Ces promesses alimentent la frénésie technologique induit par les objectifs du type « Diffuser à tous tout de suite les nouvelles technologies, et internet en particulier » car elles sont diffusées par les entreprises du secteur « Technologies, média et télécommunications », qui exercent une très forte pression publicitaire, mais aussi par les internautes militants, qui exercent une pression culturelle encore plus intense.

Pourtant il faut oser résister à ce discours afin d’éviter que la bulle sociale continue de se gonfler, car son éclatement sera inéluctable, quand chacun s’apercevra que les promesses ne peuvent pas être tenues. Quand la bulle sociale éclatera, on s’apercevra que vouloir généraliser à toute la population, à marche forcée, internet et les technologies était une erreur ayant imposé, peu à peu, sous le couvert d’une réduction de la  » fracture numérique « , une chasse aux insoumis et aux insoumises.

Mais il sera trop tard pour regretter les décisions prises à tort et l’on ne pourra que constater les exclusions et les discriminations. Pour éviter ce scénario dramatique pour une partie des salariés et des citoyens, il faut d’abord dénoncer un certain nombre d’affirmations qui sont devenues autant d’idées reçues dans les entreprises et dans le grand public.

– Affirmation n°1 : Internet et les technologies sont des outils que tout le monde peut facilement apprendre à utiliser.

Non, car leur maîtrise repose sur un apprentissage permanent que tout le monde ne peut pas supporter. Lutter contre la fracture numérique en subventionnant avec des fonds publics les matériels on en installant du « haut débit » dans les villages reculés n’est pas la priorité, et sera la source de nombreux gaspillages financiers, dont la seule conséquence sera l’augmentation du chiffre d’affaires des industriels de l’informatique et des télécommunications. La lutte contre les exclusions passe d’abord par la lutte contre l’illettrisme et par l’organisation de la société afin de ne rejeter ni les techno exclus et ni les techno – mal à l’aise en voulant absolument les transformer en techno-mordus.

– Affirmation n°2 : Internet et les technologies sont des outils obligatoires dans tous les métiers.

Non, une grande partie des métiers actuels n’ont pas besoin d’une maîtrise approfondie des technologies, et cette proportion aura tendance à s’accroître avec le développement des métiers de service à la personne, que ce soit les aides familiales ou les agents d’accueils. Certes dans toutes les activités, il est nécessaire de traiter de l’information, mais il n’est pas forcément besoin de traiter de l’information numérisée écrite et de la transmettre sur de grandes distances. C’est pourquoi, il faut oser maintenir et créer des métiers « hypo – technologiques ». Imposer aux apprentis cuisiniers de se former en  » e-learning  » est la meilleure manière d’exclure un certain nombre de jeunes qui sont de mauvais internautes mais qui feraient d’excellents cuisiniers. Faire croire que seuls les technomordus auront un emploi et que la maîtrise des technologies est la seule manière de qualifier les métiers dits « déqualifiés », c’est organiser l’exclusion, et souvent même l’auto – exclusion liée à la honte de ne pas être dans la norme, et la discrimination de toute une partie de la population.

– Affirmation n°3 : Internet et les technologies libèrent l’homme car ils sont des outils d’amélioration des conditions de vie et de travail.

Non, car on constate la croissance de l’ergostressie , syndrome de la société de l’information. L’ergostressie est la combinaison de la fatigue physique, de la fatigue mentale, du stress et de l’ennui plus ou moins équilibrée par le plaisir. Les TMS, troubles musculosquelettiques et le mal de dos se développent. De même, la majorité des salariés sont concernées par une augmentation de la fatigue mentale et surtout du stress. En contrepartie, la fatigue physique et le taux d’accidents du travail tendent à diminuer, en particulier dans certains ateliers de production du fait de la robotique, et un nombre croissant de salariés ressentent du plaisir, lié à la fois à l’intérêt de leur travail et à l’usage des technologies. Les évolutions de conditions de travail sont donc très contradictoires d’un secteur d’activités à l’autre et dépendent beaucoup plus de la qualité des rapports sociaux que du taux d’équipement en technologies.

– Affirmation n°4 : Internet et les technologies font gagner du temps car ils abolissent le temps.

Non, car leur utilisation est de plus en plus chronophage et nous constatons que nous manquons de plus en plus de temps. En effet, les temps d’exploitation s’allongent car les volumes à traiter augmentent plus vite que les capacités des ordinateurs, et que les pannes induites par la complexité technique ou la cybercriminalité sont de plus en plus nombreuses. Les temps d’apprentissage et de dépannage/bricolage s’allongent aussi car les systèmes sont de plus en plus sophistiqués. Il ne faut pas confondre diminuer les délais, qui caractérise la société de l’information, et gagner du temps.

– Affirmation n°5 : Internet et les technologies donnent à chacun le don d’ubiquité car ils abolissent l’espace.

Non, l’espace, pas plus que le temps, n’est pas aboli sous prétexte que les technologies permettent de réaliser des activités à distance. Celles – ci ne peuvent se substituer aux activités de proximité . Les déplacements professionnels augmentent et le nombre de réunions physiques n’a pas tendance à diminuer car il faut coordonner les différents types d’activités. D’autant plus que les salariés ne viennent plus travailler au même moment et qu’il faut gérer les interpénétrations vie professionnelle / vie privée. Plus on pratique les téléactivités, plus on s’aperçoit que la proximité est irremplaçable.

– Affirmation n°6 : Internet et les technologies sont des outils qui permettent de développer la connaissance et de mettre en place la société du savoir.

Non, pas obligatoirement car il ne faut pas confondre abondance de données, accumulation d’informations et niveau de connaissance. Internet et les technologies permettent des traitements plus rapides et des accès plus nombreux, ce qui peut améliorer fortement la qualité du premier maillon de la chaîne « données/ informations / connaissances / capacité à décider », mais modifie peu les autres maillons.

– Affirmation n°7 : Internet et les technologies sont des outils de liberté qui doivent se développer sans contraintes.

Non, car les réseaux sont très vulnérables, du fait des nombreux dysfonctionnements techniques possibles, car la panne est consubstantielle à la complexité, et du fait de la cybercriminalité qui explose. Si l’on veut que les réseaux continuent de fonctionner, et que les internautes puissent les utiliser en toute sécurité, il faut mettre en place des règles de sécurité, nationales et surtout internationales. Il est étonnant de constater combien les contrôles prévus par la loi  » Confiance dans l’économie numérique  » soulèvent de discussions, notamment de la part des fournisseurs d’accès à internet. Dans l’entreprise, doivent être négociées les modalités d’utilisation équilibrée de ces technologies par les différents acteurs sociaux. Il est stupéfiant que seule une trentaine d’entreprises, en France, aient autorisé l’utilisation de l’intranet par les organisations syndicales pour communiquer avec les salariés ! Comme le monde « réel », le monde « virtuel » doit être régulé, car la toile est en train de devenir plus une jungle qu’une agora.

– Affirmation n°8 : Internet et les technologies sont des outils de productivité indispensables pour les entreprises.

Cette affirmation ne semble pas discutable et justifie la reprise des investissements informatiques professionnels en 2004. Toutefois elle ne justifie pas la frénésie technologique de certaines entreprises qui  » oublient  » que la mise en place d’un nouveau système d’informations n’est rentable que si elle est accompagnée, et souvent précédée, de nombreuses innovations organisationnelles et sociales. Systèmes PGI (Progiciel de gestion intégrée), GRC (Gestion de la Relation Client) ; GRL (Gestion de la Chaîne Logistique) et le dernier-né le GVP (Gestion du cycle de vie produit), utilisant largement les possibilités d’Internet des intranets, sont souvent sources d’accroissement de la qualité et de la productivité. Mais on constate un certain nombre d’échecs comme osait le rappeler une publicité fameuse parue sur une pleine page dans le Financial Times:  » 1996 : PGI, 1998 : CRC, 2000 : GRL, 2003 : SOS « . Une grande partie de ces échecs est liée au temps trop réduit laissé aux salariés pour leur permettre de s’approprier ces innovations. Alors que cette appropriation exige souvent de 24 à 36 mois, de nouveaux systèmes numériques sont lancés tous les 6 mois ! D’autre part, il faut se rappeler que ces technologies sont nécessaires à toutes les entreprises, mais pas forcément à tous les métiers comme nous l’avons vu dans l’affirmation n°2.

– Affirmation n°9 : Internet et les technologies sont des outils indispensables à la vie en société et au lien social.

Ils doivent être utilisés au plus vite par tous les foyers. Non, car il ne faut pas confondre les outils industriels indispensables aux entreprises et les biens de consommation mis à la disposition des foyers et des individus. D’autant plus, qu’aucune étude n’a encore montré si ces technologies étaient plus des facteurs de construction que des facteurs de destruction du lien social.

Internet reconnu d’utilité pour tout public ?

Nous devons contester le slogan démagogique « Internet et les nouvelles technologies pour tous tout de suite. » qui promet de conduire à la « société numérique » et à la « république numérique »: Il faut remplacer cet objectif totalitaire de généralisation rapide par un objectif beaucoup plus réaliste qui tienne compte de la volonté et des besoins de chacun et chacune : « Internet et les nouvelles technologies pour tous ceux et toutes celles qui le veulent et le peuvent. ».

C’est à nous tous d’organiser la société pour permettre à tous ceux et à toutes celles qui ne peuvent ou ne veulent utiliser ces technologies de vivre sans les utiliser. Il faut avoir le courage de ne pas imposer aux autres ce qui ne leur sera pas forcément utile. Il faut se garder de faire traverser la vieille dame qui ne veut pas changer de trottoir ! Le taux d’utilisation des nouvelles technologies dépend de la combinaison, propre à chacun d’entre nous à un moment donné, de nombreux facteurs tous liés entre eux: envie, besoins impérieux, capacité d’apprentissage, moyens financiers, plaisir, …

Si l’on continue de faire croire aux salariés et aux citoyens que seul l’usage des technologies est une garantie pour l’amélioration de leurs compétences, de leurs connaissances, de leurs conditions de travail, et de leurs libertés, nous risquons de voir se développer une nouvelle vague de technophobie et un rejet de la modernisation, qui seraient dramatiques pour les entreprises et pour la société. Chat échaudé craint les nouvelles technologies.

Des campagnes du type  » Internet reconnu d’utilité pour tout public  » non seulement créent de la désespérance chez tous ceux et toutes celles qui ont des difficultés à utiliser ces technologies, mais risquent de créer l’explosion de la bulle sociale Internet quand il sera visible que les promesses ne peuvent être tenues. Or les conséquences de cette explosion, liée aux illusions culturelles et sociales, serait beaucoup plus dramatiques que celles de la bulle financière, car elles concerneraient non seulement les salariés et les actionnaires des secteurs producteurs de technologies, comme dans les années 2001/2003, mais aussi tous les salariés des secteurs utilisateurs de ces technologies, et tous les citoyens.

Oui, il est encre temps de dégonfler la bulle sociales en faisant un effort de lucidité sur les avantages et les limites des technologies numériques de communication. Mais comme il est toujours délicat de résister aux idées reçues, aux pressions commerciales te culturelle et à la mode, peut – être faut -il mettre en pratique la recommandation d’Yves Saint Laurent, grand spécialiste de ce concept :  » Il ne faut pas s’attacher aux modes et y croire trop, c’est à dire s’y laisser prendre. Il faut regarder chaque mode avec humour, la dépasser, y croire suffisamment pour se donner l’impression de la vivre, mais pas trop, pour pouvoir conserver sa liberté. « , et exiger dans l’avenir que tout matériel numérisé, tout logiciel, tout site internet comporte la mention suivante: « L’abus de technologies est dangereux pour la société. A consommer avec modération ».

La croûte protectrice du saint-nectaire.

Le saint-nectaire est l’un des cinq fromages d’appellation d’origine protégée (AOP) d’Auvergne. Son petit goût de noisette est connu de la plupart des Français et la majorité des saint-nectaire sont fabriqués avec du lait cru de vache. On recommande aux femmes enceintes et aux personnes fragiles (ayant un système immunitaire faible) de ne pas consommer de tels fromages au lait cru, car ils pourraient abriter une bactérie dangereuse, Listeria monocytogenes, responsable de la listériose (une infection souvent grave chez ces personnes à risques). Mais dans les faits, les toxi-infections alimentaires dues aux fromages au lait cru sont très rares. Marie-Christine Montel et ses collègues, de l’INRA de Clermont-Ferrand-Theix, viennent de comprendre en partie pourquoi.

Comment fabrique-t-on le saint-nectaire ? Juste après chaque traite, le fermier met à cailler le lait pendant une heure, puis il sépare le petit lait de la tomme. Les tommes sont salées au gros sel et mises sous presse pendant 24 heures. Puis les fromages sont stockés une semaine en chambre froide avant d’être affinés durant au moins quatre semaines. Au cours de l’affinage, les fromages sont lavés plusieurs fois à l’eau salée et régulièrement retournés afin d’obtenir le croûtage « fleuri » de couleur blanc gris orangé non uniforme, spécifique du saint-nectaire. C’est justement dans ce croûtage que se trouvent et se développent les populations microbiennes qui donnent du goût au fromage. La bactérie pathogène Listeria monocytogenes peut parfois s’y développer… mais cela reste rare : depuis 2002, les contaminations par Listeria des fromages au lait cru à pâtes molles représentent moins de un pour cent des contaminations alimentaires à la distribution.

Les fromages au lait cru doivent répondre à des exigences sanitaires strictes, imposées par la réglementation européenne, quant aux germes pathogènes qu’ils contiennent. Des contrôles rigoureux sont mis en œuvre tout au long de la chaîne de production, même pour le petit producteur qui fabrique son saint-nectaire au lait cru dans sa ferme. Cependant, le très faible nombre de toxi-infections alimentaires collectives ou de listériose engendrées par la consommation de fromages au lait cru n’est pas seulement dû aux contrôles : des barrières biologiques aux bactéries pathogènes existent. La biodiversité microbienne spécifique de certains laits crus protègerait le fromage ; en effet, Listeria se développe davantage pendant l’affinage des fromages quand ceux-ci sont fabriqués avec des laits pasteurisés, qui présentent un nombre restreint d’espèces bactériennes (la pasteurisation détruit la plupart des bactéries naturelles du lait).

Comment les micro-organismes des croûtes de fromages au lait cru empêchent-ils la croissance des bactéries pathogènes ? Les chercheurs de l’INRA ont isolé 34 communautés microbiennes présentes naturellement dans la croûte de divers saint-nectaire. Ils ont constaté que dix de ces communautés inhibent fortement la prolifération de Listeria, alors qu’un ferment seul (contenant une seule moisissure) n’est pas efficace. L’étude de la communauté la plus protectrice a montré qu’elle contient une grande diversité microbienne (plus de 35 espèces) comprenant des bactéries lactiques, des bactéries dites à Gram positif, à Gram négatif et à catalase positive, et des levures. Ainsi, l’étude de l’INRA montre que la diversité microbienne naturelle des fromages les protège des bactéries pathogènes. Mais il reste à comprendre d’où vient cette protection, c’est-à-dire par quels mécanismes et interactions la croissance de bactéries pathogènes comme Listeria est inhibée dans le fromage.

Quand l’alimentation rend dépressif

 

 

 

 

 

 

L’obésité est une question de santé publique à l’échelle mondiale et cette « épidémie » se développe en même temps que celle de la dépression. Elle suit l’évolution des mœurs alimentaires et l’augmentation de la consommation de nourriture bon marché à base de sucre et de graisse, qui n’apportent pas certains nutriments essentiels. Mathieu Lafourcade et ses collègues de Bordeaux, Dijon et Marseille, viennent de montrer que le manque d’oméga-3 dans l’alimentation perturbe certains circuits cérébraux de régulation de l’humeur, pouvant conduire à des dépressions.

Le cerveau est constitué en grande partie de lipides (des graisses), lesquels produisent des molécules essentielles à son bon fonctionnement, et à l’équilibre des émotions et de l’humeur. Parmi ces molécules, les « endocannabinoïdes », des substances analogues au cannabis produites naturellement par l’organisme à partir de deux types de graisse : les acides gras polyinsaturés de type oméga-3 et oméga-6.

Constatant que le régime des populations occidentales n’a fait que s’enrichir en oméga-6 et s’appauvrir en oméga-3 depuis quelque 150 ans (le rapport des deux passant de 1 à 15), M. Lafourcade et ses collègues ont examiné les effets d’un régime appauvri en oméga-3 sur des souris. Ils ont observé que cette carence entraîne un déséquilibre dans la production de différents types d’endocannabinoïdes dans le cerveau, entraînant une diminution de la plasticité cérébrale au niveau des connexions entre neurones, les synapses.

Qui plus est, cette perte de plasticité intervient dans une zone du cerveau, la partie prélimbique du cortex préfrontal, connectée à un centre essentiel de la motivation des comportements, le noyau accumbens. Les dysfonctionnements du noyau accumbens sont associés aux troubles de l’humeur et notamment à la dépression.

On constate effectivement que les souris ne consommant pas assez d’oméga-3 deviennent dépressives (elles abandonnent toute volonté de survivre dans l’adversité) et anxieuses (elles n’osent plus s’aventurer en terrain découvert, et longent les parois de leur cage). Peur et dépression sont les deux volets comportementaux d’un régime carencé en oméga-3.

Cette carence serait-elle en partie responsable du fait que les sociétés occidentales sont devenues angoissées et déprimées ? Divers facteurs sociétaux entrent en jeu, mais l’alimentation fast-food porte sa part de responsabilité : une insuffisance d’apport d’oméga-3 favorise la dépression et l’anxiété, que l’on tente de combattre en consommant des aliments gras et sucrés… Pour échapper à ce cercle vicieux, consommons du poisson, des coquillages, ou encore de l’huile de colza, aliments riches en oméga-3.

La flore intestinale, c’est-à-dire les quelque 1014 bactéries non pathogènes (dix fois plus que l’ensemble des cellules de l’organisme) qui peuplent l’intestin, dépend de l’alimentation. C’est ce que viennent de montrer Carlotta De Filippo, de l’Université de Florence, en Italie, et ses collègues.

L’alimentation des enfants dans les pays industrialisés, par exemple en Europe, est riche en protéines animales, en graisses et en sucres, alors que celle des populations rurales d’Afrique comprend surtout des fibres, sous forme de céréales, de légumes et de fruits. Les chercheurs ont comparé la flore intestinale de 15 enfants d’un village rural du Burkino Faso et celle de 15 enfants de la ville de Florence. Les enfants avaient entre un et six ans, étaient en bonne santé et n’avaient pas pris d’antibiotiques au cours des six mois précédant les prélèvements. Les biologistes ont constaté que les deux populations n’ont pas les mêmes bactéries intestinales.

Cette différence pourrait avoir un lien avec le nombre croissant d’allergies alimentaires que l’on observe dans les pays industrialisés. En effet, les allergies sont dues à une hyper-réaction du système immunitaire de l’organisme, qui considère comme étrangers certains aliments.

Or on suspecte un rôle de la flore dans ce phénomène. Voyons pourquoi. Les protéines contenues dans les aliments sont dégradées et absorbées dans l’intestin. Mais ce sont aussi des substances étrangères, au même titre que les microbes. Comment l’intestin distingue-t-il ces différents corps étrangers pour ne tolérer que les aliments ? Les bactéries de la flore, qui synthétisent des métabolites utilisés par les cellules intestinales et favorisent la maturation des fonctions de digestion et d’absorption des nutriments, interviennent aussi dans la maturation du système de défense intestinal, en stimulant les réactions immunitaires qui détruisent les intrus pathogènes et celles qui tolèrent les protéines étrangères quand il s’agit d’aliments.

La réaction immunitaire du système digestif se met ainsi en place les deux premières années de la vie. À la naissance, la flore comprend surtout des entérobactéries ; puis l’allaitement favorise l’implantation d’un autre type de bactéries, notamment des bifidobactéries. Au décours du sevrage, la composition de la flore se modifie. Bifidobactéires et entérobactéries se font plus rares, alors que deux grands groupes deviennent dominants : les bactéries gram positif et gram négatif. Le tube digestif du nouveau-né, qui ne tolère que le lait, a évolué vers celui de l’enfant de deux ans, qui accepte tous les aliments… et combat les microbes.

 

Quel est l’impact de l’alimentation sur l’immunité intestinale ? C. De Filippo et ses collègues ont constaté que les enfants africains ont moins d’entérobactéries et davantage de bactéries capables de digérer les fibres ; il s’agit par exemple des bactéries des genres Prevotella et Xylanibacter, inexistantes chez les enfants européens. Or ces bactéries produisent des acides gras particuliers qui auraient des effets anti-inflammatoires locaux. Ainsi, les particularités de la flore de ces enfants africains favorisent peut-être la mise en place ou le maintien d’une tolérance alimentaire de l’intestin. A contrario, le régime riche en protéines animales, en graisses et en sucres des enfants européens perturberait cette tolérance alimentaire.

Le sac qui transforme le toaster en grill

Pour cuire le croque-monsieur ou réchauffer un sandwich, plus besoin de disposer d’un grill : il suffit de glisser la nourriture dans le sac de plastique TOASTit inventé au Japon par la société Oishi & Associates et d’insérer le tout dans la fente du grille-pain. Comment le plastique ne fond-il pas ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’une variété translucide du Teflon, le polymère inventé en 1938 chez DuPont. Comme son illustre ancêtre et comme le revêtement interne des poêles à frire, le plastique utilisé pour TOASTit n’attache pas et tient la chaleur jusqu’à 260 °C. Sa taille confortable (16  x 20 cm) permet, outre les sandwiches, d’y cuire à peu près tout (poissons, légumes…). En outre, le sac est lavable pour être réutilisé. Disponible au Japon et aux Etats-Unis (7,5 euros les deux sacs), ce produit non pas révolutionnaire mais diablement pratique n’est pas encore disponible en France.

Diabète : on recrute 500 familles de diabétiques

Afin d’évaluer le risque de diabète des générations futures, le Centre d’Etudes et de Recherches pour l’Intensification du Traitement du Diabète recrute 500 familles de diabétiques.

En France, plus de 2,5 millions de personnes sont, aujourd’hui, touchées par le diabète, soit 4% la population adulte et, selon l’Insee, ce nombre pourrait augmenter de 26 % d’ici 2020. « C’est un grave problème de santé publique et la prévention en est la clé, mais jusqu’à présent nous ne savions pas très bien comment la mener » explique le Dr Guillaume Charpentier, Président du CERITD (le Centre d’Etudes et de Recherches pour l’Intensification du Traitement du Diabète) et Chef du service de diabétologie au Centre Hospitalier Sud-Francilien.

En matière de prévention du diabète, les médecins ont, ces dernières années, surtout ciblé les personnes en état de « pré-diabète » c’est-à-dire affichant une obésité abdominale et éventuellement des anomalies de glycémie. Mais les mesures de prévention ont donné des résultats en demi-teinte : « Au bout de cinq ans d’observation, nous avons deux fois moins de diabètes avérés chez les individus qui ont suivi les mesures de prévention. ll est donc intéressant de manger moins et de bouger plus, mais le résultat reste un peu décevant car la moitié de ces personnes développe un diabète malgré tout » explique le Dr Charpentier qui en a conclu, avec ses confrères, qu’il fallait intervenir beaucoup plus tôt. Quand l’obésité abdominale ne s’est pas encore formée. Mais comment repérer les personnes en état de pré-diabète ?

Diabète : comment participer à l’étude Descendance ?

« Compte tenu du mode de transmission familial du diabète de type 2, l’attention doit être portée sur les sujets hautement prédisposés, à rechercher parmi les enfants de parents eux-mêmes atteints de diabète de type 2. » annonce le Dr Charpentier. En effet, environ un tiers de ces enfants deviendra diabétique à l’âge adulte. C’est donc pour mieux repérer ces enfants « à risque » que le CERITD lance le programme Descendance… et qu’il recherche 500 familles pour valider cet outil. Profil de ces familles test : des personnes diabétiques de type 2, dont au moins un parent diabétique est encore en vie et dont un frère ou une soeur âgé de plus de 35 ans est non-diabétique. « A partir des éléments recueillis auprès de ces 500 familles, nous pourrons élaborer l’équation de risque capable de « prédire » l’apparition du diabète chez les enfants de diabétiques » conclut le Dr Charpentier.

En pratique

Vous êtes diabétique de type 2 :

– Et parent avec des enfants dont l’un est diabétique de type 2 (sans critère d’âge) et l’autre non diabétique (âgé de plus de 35 ans).

– Ou enfant (sans critère d’âge) de parent (mère, père) diabétique de type 2 (vivant) et avec un frère et ou une soeur non diabétique âgé de plus de 35 ans.